jeudi 16 juin 2011

CAS : La voiture de demain

Hier matin, j'étais au Centre d'Analyse Stratégique (CAS), institution d'expertise et d'aide à la décision placée auprès du Premier ministre. Au programme, un rapport sur « La voiture de demain » était présenté, accompagné de quelques réflexions et propositions sur l'avenir des voitures thermiques, hybrides ou électriques actuelles.


Le postulat de départ est simple : le prix du pétrole va fatalement augmenter dans les prochaines décennies pendant que l'offre va diminuer, de nouveaux marchés pour l'automobile vont se consolider dans les pays émergents, et les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants devront être limités. D'autres problèmes risquent alors d'apparaitre, comme les embouteillages monstres déjà présents en Chine, ou un besoin accru d'infrastructures.

Le modèle actuellement présent dans les pays occidentaux n'est pas exportable dans les pays émergents. Le rapport à la voiture doit alors être modifié, pendant que les véhicules doivent être améliorés. Des véhicules électriques ou hybrides sont régulièrement envisagés, mais il est actuellement impossible de développer massivement l'offre.

Les batteries électriques sont peu autonomes, le temps de recharge est trop élevé, les infrastructures actuelles ne sont pas suffisantes (oubliez l'image de la voiture branchée à votre 220 V, ça ne tiendrait pas plus de deux heures). Un véhicule uniquement électrique est alors adapté pour des trajets courts, et est idéal dans le cadre de véhicules de fonction comme ceux de la Poste, ou pour des systèmes de partage de voiture comme Autolib'. Cependant, le prix reste très élevé.

D'ici l'arrivée de nouvelles technologies de batteries, les véhicules thermiques doivent être améliorés, et électrifiés pour engager la transformation. Ainsi, les batteries peuvent être rechargées lors du freinage, afin de récupérer ce surplus d'énergie.

Le CAS a finalement formulé six propositions :
  • Modifier les méthodes réglementaires de mesure des consommations énergétiques et des émissions de CO2 afin qu'elles soient plus représentatives de l'utilisation réelle des véhicules
  • Poursuivre les efforts d'amélioration de l'efficacité énergétiques des véhicules à moteur thermique par un durcissement de la réglementation
  • Obliger les constructeurs à doter les véhicules neufs d'un dispositif coupant automatiquement le moteur lorsque le véhicule est à l'arrêt
  • Réduire le stationnement résidentiel en augmentant progressivement son tarif
  • Finaliser sans tarder les normes que doivent respecter les bornes de recharge pour garantir la sécurité des installations
  • Renforcer progressivement l'incitation à l'achat de véhicules neufs peu polluants.

A mon avis, les principales mesures à adopter concernent de nouvelles normes européennes pour fixer des cadres stables de développement. Ainsi, les cycles de conduite ne sont pas adaptés à l'usage réel d'un véhicule électrique ; ou encore, les recherches de nouveaux modèles de batteries ne sont pas coordonnées.

Pour la petite anecdote, il existe déjà un système de bonus/malus au niveau européen pour inciter les constructeurs automobiles à vendre des voitures moins polluantes. L'émission moyenne de CO2 par km est calculée, et des pénalités sont appliquées quand elle dépasse les 130 g/km. Avec une spécificité intéressante : un véhicule très peu polluant (moins de 40 g/km, comme les voitures électriques) compte pour 3,5 dans la moyenne.

Prenons en exemple deux constructeurs qui vendent en 2012 un million de véhicules, avec une concentration moyenne en CO2 de 140 g/km. Le premier constructeur paiera une prime de 710 millions d'euros pour dépassement du seuil autorisé. Au contraire, le deuxième constructeur, qui aura eu la bonne idée de vendre 10 000 véhicules électriques en plus, aura une prime à payer de seulement 39 millions d'euros. Soit un gain de 671 millions d'euros, ou 70 000 € par voiture électrique.

Au final, ce système favorisera les constructeurs qui vendront peu de véhicules propres, tandis que ceux qui essaient de diminuer la pollution de tout leur parc immobilier seront moins récompensés.

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