jeudi 16 juin 2011

OGM : faut-il faucher ?

Pour aujourd'hui, je voudrais revenir sur un des nombreux sujets chers aux écologistes, les OGM (pour Organismes Génétiquement Modifiés). Cette notion regroupe les organismes, souvent végétaux et parfois animaux, dont le patrimoine génétique a été sélectionné ou modifié.


Le début de l'étude des OGM remonte aux travaux de Mendel puis de Morgan, qui ont démontré puis découvert l'existence de gènes susceptibles de déterminer certaines caractéristiques des êtres vivants. La couleur des petits pois, des yeux des mouches Drosophile, ou des tomates de supermarché peut ainsi être déterminée et sélectionnée à l'avance. Comme tout progrès technologique, il est alors incompris, et bridé par les peurs des immobilistes.

Les écologistes actuels pointent principalement trois problèmes sur les OGM. Déjà, la présence d'OGM dans les champs présente un risque de dissémination des graines et pollens dans les champs voisins. Le risque est alors de voir certaines variétés potentiellement nuisibles, dangereuses ou résistantes se répandre sans contrôle dans la nature. D'où le deuxième problème : les OGM mettent la biodiversité en danger. Ainsi, en remplaçant certaines espèces moins résistantes, la sélection naturelle est si mal faite que certaines espèces risquent de disparaitre.

Le troisième problème, sans doute le plus important à mes yeux, concerne un potentiel risque sanitaire. A l'heure actuelle, peu d'études ont été menées sur les effets à moyen et long termes des OGM sur le corps humains ou le bétail. Alors qu'aucune preuve formelle n'a été trouvée, un rapport croit démontrer, par une étude sur des expériences déjà existantes, que les OGM augmenteraient des problèmes de rein et de foie. L'article informe ainsi que le rapport « soulève la question de l'interprétation » des résultats statistiques trouvés.

Les preuves sur la dangerosité réelle des OGM sont donc faibles. Pour autant, je préconise d'appliquer le principe de précaution sur la vente et l'importation de semences ou produits à base d'OGM. Pour moi, le consommateur européen ne doit pas être soumis à un risque potentiel pour sa santé. Pour ça, tout contact direct doit être évité jusqu'à ce que des études plus poussées aient eu lieu.

Pour cela, il faut donc encourager la recherche sur cette question. Il ne s'agit pas de subventionner Monsanto pour qu'il loue son propre fonds de commerce, mais de mener des expérimentations sérieuses. La transparence est la condition nécessaire à l'acceptation d'un progrès technologique par la population : si des catégories d'OGM sont de nouveau autorisées, je suis ainsi favorable à l'étiquetage systématique de la présence d'OGM, même lorsque la concentration ne dépasse pas le seuil réglementaire de 0,9% appliqué en France.


Rappelons qu'en France, un moratoire a été voté en février 2008. L'évolution législative, et la mise en application du principe de précaution, est souvent attribuée à l'action des Faucheurs Volontaires, dont José Bové et Noël Mamère sont sans doute les figures les plus emblématiques. Ainsi, de nombreux collectifs ont vu le jour en France, dont le but est de participer à des actions médiatisées d'arrachage de plants OGM.

La méthode du fauchage n'est pas idéale, à mon goût. Déjà, la méthode peut être critiquée : plus que de la désobéissance civile, il s'agit alors d'une atteinte à la Loi. Et contrairement à ce que disent Les Verts, qui imposent à leurs parlementaires et militants « d’opter pour la désobéissance civile comme forme de combat non-violent », je ne pense pas que ce soit si pacifique. Des affrontements avec les forces de l'ordre ou avec les agriculteurs sont souvent prévus, et la méthode est en elle-même assez radicale.

D'autres parts, les revendications de ces mouvements sont souvent faussées : ainsi, la lutte contre le productivisme et le dépôt de brevets sur les semences est au cœur des préoccupations des faucheurs. Au fond, il s'agirait d'un mouvement tout gentil pour protéger la planète. Mais en fond, c'est toute une mécanique qui est en place : les collectifs de faucheurs s'arrangent avec la presse pour qu'elle vienne avant la police, collectent de l'argent en organisant des concerts payants, puis font trainer la justice pour faire parler d'eux. L'exacte logique de la société capitalisto-médiatique actuelle, donc.

Le moratoire sur les OGM était, à mon sens, nécessaire. Des fauchages de cultures OGM ont aidé à la mise en place d'une telle mesure. Cependant, des ratés existent. En 2006, José Bové et 85 autres faucheurs détruisent 9 hectares de maïs. Seulement, 25% n'étaient pas des cultures OGM.

Mais le plus scandaleux est à mon sens la destruction de cultures destinées à la recherche. Ainsi, le 5 juin 1999, José Bové et quelques faucheurs arrachent des plants de riz du Cirad (centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). En août 2010, des faucheurs volontaires déterrent et coupent en morceaux 70 plants de vigne de l'Inra (institut scientifique de recherche agronomique) à Colmar. La défense officielle est alors que ces « champs d’expérimentation d’OGM sont le premier pas d’une démarche commerciale visant à imposer des cultures actuellement non autorisées ». Est-ce vraiment l'intérêt de la recherche agronomique ?



A mes yeux, les faucheurs volontaires s'inscrivent dans cette mouvance extrémiste de l'écologie associative, qui refuse l'option politique pour convaincre la société. Je crois fermement au progrès technique, et la recherche ne doit pas être limitée, surtout pas par quelques obscurantistes qui voudraient presque retourner à un hypothétique état de nature. Il existe des risques, ils doivent être limités. Mais s'opposer à tout n'est pas une bonne solution.

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