lundi 30 mai 2011

Internet, terre de libertés... Et d'excès

Non, cet article ne parlera pas du sujet ultra-classique du « Internet, c'est bien parce qu'on peut tout faire, mais c'est pas bien parce qu'il y a du téléchargement illégal ». Par contre, cet article parlera d'une nouvelle pratique très lucrative sur le net, les « chasseurs de primes ». Ce papier du Monde nous rappelle la pratique.

Aujourd'hui, un constat s'impose aux yeux de l'industrie du disque, et dans une moindre mesure de la télévision, du cinéma et des jeux vidéo. Pendant qu'Internet ouvrait de nouveaux accès à la « culture », les bénéfices de certaines entreprises baissaient. Un lien a hâtivement été établi, l'occasion étant trop belle pour justifier le manque de renouvellement du secteur.

Comment enrayer le nombre croissants de téléchargements gratuits (pas tous illégaux, en passant) en espérant que les ventes remonteront ? Comme souvent aux Etats-Unis, la solution passe par la justice. L'idée est simple, attaquer les méchants internautes.

On distingue alors deux situations typiques : les poursuites judiciaires à caractère exemplaire, et les arrangements purement lucratifs. Les premières sont principalement menées par la RIAA (Recording Industry Association of America), tandis que les seconds font le bonheur des cabinets d'avocats privés.
La RIAA regroupe les principaux acteurs de l'industrie américaine du disque. Super-lobby, elle s'occupe aujourd'hui de la création, de l'enregistrement, de la distribution de 90% des enregistrements audio légaux des Etats-Unis. Mais surtout, c'est elle qui s'occupe de protéger la propriété intellectuelle en attaquant systématiquement en justice tous les fraudeurs.

Avec une des dernières lois américaines sur le sujet, The Digital Theft Deterrence and Copyright Damages Improvement Act de 1999, et avec le cumul des peines, l'utilisateur ayant eu le malheur d'être repéré risque entre 750 et 30 000 dollars par œuvre obtenue illégalement, et entre 750 et 150 000 dollars s'il l'a obtenu « volontairement ». S'il est condamné, le prix par œuvre est alors fixé dans ces fourchettes, par un jury populaire ou par un juge.

Deux affaires sont restées célèbres pour la démesure de leur condamnation. En juillet 2009, Joel Tenenbaum est condamné à payer 675 000 dollars pour le téléchargement de 30 titres (soit 22 500 dollars pour du Nirvana, Eminem ou Green Day). En 2010, Jammie Thomas se voit réclamer 1,92 millions de dollars après un premier jugement, après le téléchargement de 24 titres (dont du Aerosmith, ou encore du Green Day, à 80 000 dollars chacun).

Ces procédures ont pour but de décourager les internautes les plus peureux, en faisant de quelques cas isolés des exemples très médiatisés. Ces procès sont longs, et très coûteux pour l'industrie du disque, mais elles espèrent gagner sur le terrain de la peur.

Les sommes astronomiques obtenues par la RIAA a suscité des vocations. Des avocats ont alors repris l'idée, en jouant là-encore sur la peur. Après avoir découvert un internaute délinquant et avoir obtenu son identité par son Fournisseur d'Accès à Internet, un marché est proposé : soit le fraudeur paie 1 500 dollars immédiatement sur le site Internet du cabinet d'avocats, soit le cabinet d'avocat engage des poursuites judiciaires contre le méchant.

Un chantage psychologiquee se met alors en place. Un procès est long, coûteux, et surtout visible. L'industrie de la pornographie l'a bien compris, et menace ainsi n'importe qui, pourvu qu'il puisse avoir de la famille, des amis, ou des collègues que de telles révélations pourraient choquer.

Ce racket légalisé des internautes est l'enfant d'un mariage heureux entre des avocats avides de profits et des entreprises qui ne refuseraient pas un petit complément de revenus. A chaque transaction, une part du bénéfice revient ainsi à la société. Si l'accusé hésite, une offre de 2 500 dollars est proposée pendant quelques semaines. Le délai expiré, une plainte contre « X » est déposée.

Le cabinet US Copyright Group (UCSG - pour ne pas le confondre avec US Coast Guard) illustre parfaitement ces nouvelles pratiques. Après une première opération contre 16 000 personnes en septembre 2010 puis quelques petits arrangements avec quelques petits milliers d'Américains, la dernière action fait mouche : 23 322 internautes détectés comme solvables viennent d'être contactés, après leur téléchargement du film The Expendables. Avec, à la clé, une prime substantielle de plus de 35 millions de dollars pour les avocats.

En France, la situation est différente, même si elle risque vite de se rapprocher de l'américaine. Depuis la loi HADOPI 2, seul un juge, contacté par la haute autorité administrative, peut condamner un internaute à titre individuel. Les procédures sont donc longues, rares, à l'inverse des repérages de fraudeurs. Comme aux Etats-Unis, on repère les adeptes du téléchargement illégal en enregistrant les adresses IP sur les sites de partage par peer-to-peer. En France, le travail est confié à la société TMG.


Sur ces pratiques, de nombreuses critiques font jour. Je ne parlerai pas ici du débat sur « Faut-il permettre le téléchargement de tout ? », mais de critiques plus intéressantes.

Aux Etats-Unis, le UCSG est ainsi attaqué par des associations de consommateurs pour harcèlement, et des avocats en profitent pour vendre des formulaires clé-en-main pour contester les courriers reçus. En outre, de nombreux cas de faux signalements ont été déclarés. Face à ces réticences, l'UCSG contre-attaque, là-encore en justice.

En France, la société TMG (pour Trident Media Guard) vient d'être pointée pour des failles de sécurité sur ses serveurs. Des internautes ont ainsi pu accéder à des listes d'adresse IP, ou au code source du logiciel servant à détecter ces adresses IP sur les sites de téléchargement. L'HADOPI a alors annoncé une suspension provisoire de ses liens avec TMG.


A travers toutes ces histoires, où se mêlent intérêts privés, argent, lobbys, et cabinets d'avocats, on est bien loin de l'Internet du bon vieux temps, où une forte communauté soudée n'y voyait rien d'autre qu'un formidable moyen de communication et de diffusion du savoir. Alors que « Justin & Beliebers » est en tête des mots les plus employés sur Twitter, comment faire comprendre aux utilisateurs qu'ils doivent se battre pour préserver ce qui devrait aujourd'hui être reconnu comme une liberté fondamentale ?


Et en bonus : l'interview de quelques députés pendant les discussions sur le projet de loi HADOPI. Mention spéciale à Jean-Pierre Grand : même à République Solidaire, nos députés ont du mal avec les nouvelles technologies !

jeudi 26 mai 2011

Les Verts veulent-ils notre mort ?

Ce midi, en feuilletant Le Monde sur mon PC, je suis tombé sur un article potentiellement intéressant, « Alerte aux légumes tueurs dans le nord de l'Allemagne ». L'article nous apprend que les femmes allemandes mangeant des salades, concombres et tomates venant d'Allemagne du Nord sont susceptibles d'être contaminées par l'Escherichia coli 0104.

Cette histoire rappelle donc la nécessaire vigilance à garder en matière de contamination alimentaire. C'est en effet souvent par les aliments, ou l'eau, que se transmettent les maladies : on peut rappeler le cas de la grippe aviaire, qui nous a fait cuire nos œufs pendant 5 minutes à 70°C. La cuisson est un moyen efficace pour détruire les bactéries, mais ne convient pas à tous les types d'aliments.

Ainsi, dans les produits laitiers, il est peu courant de faire cuire ses yaourts avant de les consommer. Dès lors, la date de péremption (DLD : Date Limite de Consommation) sert de garant de la bonne conservation du produit, afin de limiter les risques d'intoxication. Rappelons qu'en France, d'après le Code de la consommation, « Sont interdites la détention en vue de la vente ou de la distribution à titre gratuit, la mise en vente, la vente ou la distribution à titre gratuit des denrées alimentaires comportant une date limite de consommation dès lors que cette date est dépassée. »


Cette mesure est nécessaire, et efficace : en France, où la Loi est strictement appliquée, on ne dénombre qu'entre 400 et 1210 intoxications alimentaires pour 100 000 habitants, par an. Au contraire, aux Etats-Unis, pays beaucoup plus laxiste en matière de normes de sécurité, on dénombre 26 000 intoxications alimentaires pour 100 000 habitants. Le problème est pointé par l'OMS, qui chiffre les conséquences d'intoxications alimentaires à 1,8 millions de décès par an, et 35 milliards de dollars de dépenses par an pour les seuls Etats-Unis.

Cependant, des gens arrivent à se plaindre de tant de sécurité alimentaire. Alors même qu'ils sont adeptes du « principe de précaution », les écologistes, dont la voie est relayée par certains chez EELV, demandent du changement. Pour lutter contre le gâchis alimentaire alors que tant de gens meurent de faim, ils veulent que les occidentaux consomment plus, en supprimant les dates de péremption. Les produits concernés incluraient le lait : ainsi, pour savoir si on ne risque pas de finir aux urgences après son petit-déjeuner, il suffirait de « sentir », ou de « voir » si son yaourt n'est pas vert.

Je trouve une telle proposition aberrante. Déjà parce que le matin, je ne suis pas réveillé, je ne vois rien, et je serais prêt à rajouter n'importe quel liquide à l'odeur suspecte dans mes céréales s'il est encore dans mon réfrigérateur. Ensuite, parce que ça part d'un faux postulat : en gâchant moins, on lutterait contre la faim dans le monde (sic). Et surtout, parce que c'est dangereux pour la santé. Pour justifier cette idée étrange, on retrouve en dernier recours le fameux « ils l'ont fait à l'étranger ». Avec les résultats qu'on connait.

Néanmoins, je suis d'accord pour condamner le gâchis excessif, réalisé en grande partie par la grande distribution. Je pense alors qu'il faut encourager les initiatives des Banques Alimentaires, qui peuvent « recycler » les produits bientôt périmés. Mais cette pratique doit être encadrée, pour ne pas juste déplacer le problème : les produits périmés restent impropres à la consommation, et doivent donc être jetés.


Relativiser les risques de la consommation d'aliments périmés me rappelle une autre initiative lancée par des partisans du nucléaire : l'unité DEB, pour Dose Equivalent en Banane. Cette unité permet d'exprimer plus explicitement la radioactivité, en prenant comme référence la radioactivité naturelle absorbée en mangeant une banane : 1 DEB équivaut donc à 14 becquerels. Après l'accident nucléaire de Three Mile Island, boire 33 cL de lait conduisait alors à absorber 0,013 DEB, soit pratiquement rien.


Edition : L'Angleterre envisage actuellement de supprimer certaines dates. Mais il s'agit de date limite d'utilisation optimale (pâtes, riz...), et non de date limite de consommation (applicable notamment aux laitages et crustacées) : le risque pour la santé est donc moindre.

lundi 23 mai 2011

De la passion sur les classes préparatoires

Sujet ô combien sensible politiquement, les classes préparatoires déchaînent en ce moment les foules (de politiques) et suscitent toutes les passions. Alors que le Parti Socialiste vient d'entériner le volet « enseignement supérieur » de son projet à vocation présidentielle, les filières dites sélectives sont pointées du doigt. Voyons pourquoi.


Commençons par les idées reçues.

Déjà, l'enseignement en classe préparatoire coûterait trois fois plus cher que l'enseignement en université. C'est faux ! D'après le site du ministère de l'éducation nationale, un étudiant en prépa coûte 13 880 € par an en moyenne, contre 9 280 € par an en moyenne pour un étudiant du Supérieur. Sur le site du ministère de l'enseignement supérieur, il est indiqué qu'un étudiant en CPGE coûte 14 850 € par an, contre 10 220 € en université publique. Bien loin du facteur 3 annoncé notamment par le Parti Socialiste.

Ensuite, les prépas ne sont remplies que de fils de riches. Faux ! D'après le ministère de l'éducation nationale (page 343), 25% des élèves des CPGE sont boursiers. C'est moins que les 32,5% de l'université, mais ce n'est pas négligeable. Il y a certes un effet de « reproduction sociale », mais moins apparent que ce qui est cru, et dû également à d'autres facteurs que la prépa elle-même.

Autre idée reçue, il serait impossible pour un enfant venant de milieu social défavorisé de rentrer en prépa. Faux encore, puisque l'inscription se fait par le site http://admission-postbac.fr , le portail national et automatisé d'accès à l'enseignement supérieur, où tous peuvent s'inscrire partout. Les dossiers sont ensuite envoyés à des commissions dans chaque classe préparatoire, qui les classe sans connaitre les conditions de revenus des parents. Il ne peut donc pas y avoir de discrimination a priori sur ce point.

Autrement, les classes préparatoires privilégieraient les étudiants sur Paris. J'ai instinctivement envie de dire, comme les universités. Mais en fait, il existe de nombreuses classes préparatoires très bien cotées en province : le lycée du Parc et les Lazaristes à Lyon, le lycée Châteaubriand à Rennes, Clémenceau à Nantes, Pierre-de-Fermat à Toulouse, Champollion à Grenoble, Masséna à Nice, Corneille à Rouen et Faidherbe à Lille font par exemple partie du top 20 des prépa Maths-Physique selon le classement de L'Etudiant. A part les grands lycées parisiens qui raflent effectivement beaucoup de places aux concours, chacun a ses chances, à Paris ou en province. D'autant que l'organisation des concours n'est pas exclusivement sur Paris.

Il se dit également que les classes préparatoires et les Grandes Ecoles sont gratuites, contrairement à la fac. Désolé, mais j'ai payé 180 € pour cette deuxième année de prépa, sans compter ma mutuelle étudiante qui ne me couvre d'ailleurs toujours pas. Et les Grandes Ecoles sont soumises à des frais d'inscription élevés, allant de 550 € à plus de 5000 € par an.

Enfin, les classes préparatoires seraient mauvaises parce qu'elles conduisent à des filières encore plus sélectives, les Grandes Ecoles. Eh oui, il faut bien l'avouer, il y a peu de places à Polytechnique, HEC ou aux Ecoles Normales Supérieures. Mais en sciences et en économie, il y a plus de places en écoles que de candidats. Au final, un étudiant en prépa, s'il passe les concours correspondant à son niveau, est donc assuré d'avoir au moins une place en école. Sauf après une khâgne, mais aucun projet politique n'en parle. A ce propos, je pense qu'il faut ouvrir les concours de certaines écoles, comme c'est actuellement en cours.


Maintenant, voyons ce que les différents mouvement et partis politiques en disent.

Chez les socialistes, c'est très confus. Le Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) a ouvert le bal en demandant la suppression des classes préparatoires et des Grandes Ecoles, au profit de l'université qui regrouperait ainsi 50% d'une classe d'âge. Ensuite, le projet du PS est sorti, ne mentionnant pas les classes préparatoires, alors que Martine Aubry s'était engagé à reprendre l'intégralité des propositions des MJS. Ensuite, le parti a trouvé sa dernière idée, pendant ses débats sur l'éducation supérieure : des échanges d'étudiants entre universités et prépas.

Sur ce dernier point, on peut déjà imaginer le bazar que ça créerait. De ce que j'en ai compris, l'idée consisterait à envoyer des étudiants de prépa en fac, et vice-versa, pour créer des liens et harmoniser les méthodes de travail. Imaginez le pire... En sachant qu'en filière scientifique, les programmes ne sont pas les mêmes, le niveau non plus, et qu'il faut trois ans de fac pour préparer les concours d'entrée en école d'ingénieur, contre 2 en prépa.

Du côté de République Solidaire, le projet prévoit que « des places dans toutes les filières sélectives (CPGE, STS, IUT) doivent être réservées aux 5% des élèves de chaque lycée ayant eu les meilleurs résultats au baccalauréat ». C'est à mon sens une idée intéressante à opposer à tous ceux qui croient que le mérite et le travail ne suffisent pas pour entrer en prépa (alors que, là-encore, il y a assez de places pour tout le monde), mais je ne vois pas comment elle pourrait être appliquée.

Chez le Parti Communiste Français, il faut « réunifi[er] les universités et les grandes écoles ».

Chez le Front National, « Cette partie du programme sera accessible prochainement ». On a hâte !

Chez Europe Ecologie Les Verts et le Modem, on ne parle pas de ce sujet.


Maintenant, je tiens à rappeler quelques évidences parfois oubliées. Les classes préparatoires forment les étudiants de manière efficace : être un ingénieur français est reconnu dans le monde, nos entreprises embauchent, et le secteur de la recherche a besoin d'étudiants aussi bien préparés. Rappelons qu'en débit de son agonie rampante, la recherche française est à l'honneur, puisque la France reste le premier pays mondial pour la recherche mathématique au vu du nombre de médailles Fields obtenues, et le CNRS est le deuxième contributeur en nombre d'articles de la prestigieuse revue américaine Nature. Il faut savoir que les Ecoles Normales Supérieures, d'Ulm, de Cachan et de Lyon, jouent à cet égard un rôle prépondérant.

Ensuite, je pense qu'il faut arrêter d'avoir peut de la réussite, quitte à y investir un peu plus. Sans ingénieurs, sans chercheurs, sans économistes, que serait la France ? Une terre ancestrale de culture du coquelicot et de la chasse au sanglier ! La France a besoin de gens formés, diplômés et compétents.

Enfin, je me refuse au nivellement par le bas. Un rapprochement des classes préparatoires et des Grandes Ecoles avec les universités peut sembler intéressant, mais uniquement à condition que les universités offrent les mêmes opportunités. Et aujourd'hui, force est de constater que ce n'est pas le cas. Au lieu de vouloir mélanger 50% d'une classe d'âge dans des amphithéâtres surchargés (et des groupes de TD en sureffectif) pour aboutir encore une fois à une banalisation des diplômes et des formations, je prône plutôt de nouveaux financements pour les universités (mais pas de hausse des frais d'inscription !) et le développement des filières sélectives, dans les universités.


En bref, le système actuel des classes préparatoires est déjà très bien. C'est à mon sens une spécificité française qui a fait, et qui continue de faire ses preuves. Dès lors, je ne vois aucune raison de les modifier. Je demande donc de résister à la danse du ventre des aigris et profiteurs politiques, qui ne se rendent pas compte que les élèves de prépa réussissent déjà par leur travail, et pas en payant des chèques.

samedi 21 mai 2011

Projet RS : label « Produit de France »

En réponse à mon article sur de possibles avantages à un retour des droits de douane, j'ai lu dans le projet de République Solidaire diverses mesures pour favoriser le patriotisme économique et encourager l'achat de produits nationaux ou locaux, respectueux de l'environnement, de l'emploi, et favorisant les exportations. Je retiens ici une mesure : la création d'un « label "Produit de France" avec un logo unique clairement identifiable ».

Un tel label est demandé par les consommateurs, qui veulent savoir d'où viennent les produits qu'ils achètent, et par les professionnels, qui espèrent bénéficier de retombées positives. Pour répondre à cette attente, le gouvernement vient de lancer le 19 mai dernier le label « Origine France Garantie », applicable à tout produit dont 50% de la valeur ajoutée est française et qui prend ses caractéristiques essentielles en France.

Sur ce label, Jean-Louis Borloo a déclaré « C'est une bombe ! ». Néanmoins, il est très imparfait : il coûte cher (plus de 20 € par mois) pour les PME et un délai de six mois est requis pour être décerné. On peut également penser qu'il sera peu utilisé et peu pris au sérieux, car son lancement est passé inaperçu et qu'il n'est pas clairement identifiable.


C'est pourquoi je demande autre chose. Déjà, un logo plus sérieux, plus visible, qui mette réellement en valeur l'origine du produit. Ensuite, un logo obligatoire pour tous les produits français, au même titre que le "made in France" souvent caché. Enfin, un label gratuit et facile à obtenir, pour plus de simplicité.

Pour un droit à l'oubli numérique !

Alors qu'il existe en droit la notion de prescription, sorte d'oubli des faits les plus anciens, pourquoi Internet reste-t-il le seul endroit où il est impossible d'être oublié ?

Dans les projets politiques dévoilés par le Parti Socialiste et République Solidaire, le droit à l'oubli n'est pas mentionné. On parle souvent d'HADOPI, de licence globale, de lutte contre la pédopornographie, mais jamais de ce sujet peu médiatisé, pourtant directement lié au respect de la vie privée, qui joue aujourd'hui un rôle déterminant dans la société.

Les Allemands l'ont bien compris, en refusant massivement le programme Google Street View, qui prévoit de photographier chaque maison mais avait conduit à récolter des données personnelles par erreur. Toute activité sur Internet est susceptible d'entrainer des dérives, et il est aujourd'hui très difficile de s'en prémunir.

Le gouvernement, par l'intermédiaire de Luc Chatel, avait annoncé le 3 mai dernier un accord avec facebook pour la suppression des comptes d'élèves harcelant leurs petits camarades. Après un démenti prudent du réseau social, le gouvernement a présenté le 18 mai dernier un guide des « procédures à suivre pour traiter les cas de harcèlement entre élèves sur Internet » qui ne contient plus de partenariat.

C'est donc un échec du gouvernement, et une remise en cause de la possibilité d'instaurer un droit à l'oubli numérique. Les principales entreprises ne veulent pas conclure d'accord avec la France, mais sont en revanche prêtes à faciliter le signalement des abus. C'est à mon avis une voie à exploiter.

A défaut d'accord, une loi légalement contraignante pourrait contraindre les entreprises les plus en vues dans le référencement sur Internet, telles que Google ou Microsoft (avec son moteur de recherche Bing), et les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Myspace...), de permettre à l'utilisateur de supprimer facilement toutes les données le concernant. Prenons des exemples simples qui pourraient être testés.

Sur Twitter, aujourd'hui, un utilisateur a la possibilité de supprimer laborieusement ses « tweets » (messages courtes), mais ne peut pas contrôler ce qui est dit directement sur lui. On pourrait alors envisager un système de suppression facilitée, dans lequel un utilisateur, lorsqu'il supprime son compte Twitter, supprime également tous les autres messages lui faisant référence. Ou encore, la possibilité, par un nouveau lien, de signaler un tweet qu'il voudrait supprimer : non pas à l'entreprise qui serait sinon très vite débordée, mais à l'autre utilisateur.

Sur Google, les sites référencés sont mis en cache, donc une suppression de l'information à la source ne sera supprimée des résultats du moteur de recherche qu'après un délai plus ou moins long. De plus, il est difficile de supprimer un résultat indélicat, comme par exemple un article de journal titrant que vous êtes mis en examen alors que vous avez été relaxé entre temps. Il suffirait alors de demander à Google d'instaurer la possibilité de signaler de tels liens, pour compléter un dispositif déjà existant pour du spam.

Le droit à l'oubli numérique est très décrié, notamment par les adeptes de la transparence excessive, qui, à l'image de Mark Zuckerberg, estiment que toute activité sur Internet doit être signée et enregistrée. En oubliant cette volonté d'installer Facebook partout, on peut comprendre que le droit à l'oubli puisse sembler excessif, ou contre la liberté d'expression. Seulement, je pense que les deux sont compatibles, mais qu'on ne peut dire n'importe quoi que lorsque ça ne touche pas n'importe qui.

Pour rappel, il existe déjà une loi, la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, qui prévoit un certain nombre de disposition, dont la possibilité pour toute personne d'avoir accès à l'ensemble des données le concernant, et de pouvoir les modifier ou les supprimer. Cependant, il faut maintenant faciliter son application, surtout sur Internet.

jeudi 19 mai 2011

Projet RS : sortie du commandement intégré de l'OTAN

L'une des caractéristiques principales du début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, en politique étrangère, a été le rapprochement avec les Etats-Unis, l'atlantisme décomplexé. La mesure la plus en vue, sans doute la plus symbolique, a alors été le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. Je ne suis pas spécialiste en diplomatie ou politique étrangère, mais je m'informe suffisamment pour connaitre certaines conséquences, attendues et effectives.
Concrètement, ce retour se traduit par la présence de généraux français dans le commandement intégré, et en principe par la participation active de la France dans la gestion des missions de l'OTAN. En réalité, nous n'avons pas plus de pouvoir de décision qu'avant, les Etats-Unis gardant le monopole du commandement, encore plus depuis l'arrivée de Barack Obama et sa volonté de ne travailler qu'avec des alliés coopératifs. Ainsi, en Afghanistan, les alliés n'ont pas de marges de manœuvre pendant que Barack Obama annonce un calendrier de retrait des troupes américaines.


Au contraire, garder des distances raisonnables avec l'OTAN permet de conserver une voix indépendante, originale et écoutée. C'est pourquoi je soutiens la conviction de Dominique de Villepin, dont le projet prévoit « la remise en cause de notre présence dans le commandement intégré de l'OTAN ». Aujourd'hui, y rester est dangereux :
  • Pour la souveraineté de la France, qui aurait plus de mal à refuser une guerre en Irak
  • Pour la voix de la France, mise en contradiction quand elle veut se démarquer des Etats-Unis
  • Pour l'efficacité militaire de la France, qui peut mener un conflit sans les bavures connues et fréquentes de l'OTAN.
Sortir du commandement intégré de l'OTAN est donc, selon moi, nécessaire.

DSKgate : un complot de déstabilisation internationale !

Que faisait DSK à New York ? Que s'est-il passé dans cette chambre 2806 ? Qui est cette femme de chambre ? L'histoire est encore inconnue, et pourtant, chacun a déjà son avis. Je propose ici de faire parler les défenseurs d'une des nombreuses théories du complot, Ahmed et Bogdan, discutant hier midi dans un bar-PMU.

Ahmed : T'as vu ce qu'il a fait le DSK ?
Bogdan : Le viol de la femme de chambre ? J'y crois pas !
Ahmed : Toi aussi ? Aussi, qui peut y croire !
Bogdan : C'est sûr que c'est un complot, il aurait jamais fait ça.
Ahmed : Encore un coup de Sarkozy pour gagner en 2012 ! Mais je tomberai pas dans le panneau !
Corinne : Qu'est-ce que je vous sers ?
Ahmed : Un pastis, Corinne. Avec beaucoup de pastis !
Bogdan : La même chose, Corinne. Avec un PMU.
Bogdan : M'est d'avis que Sarkozy est pas aussi con. Mais apparemment, ça vient d'un petit jeune sur Internet, qui le savait avant tout le monde.
Ahmed : Il avait été informé, pour nuire à Dominique.
Bogdan : Ouais, ça dépasse la France. Surtout que DSK était important !
Ahmed : D'après moi, c'est un coup des Chinois. Ils avaient tout à y gagner, c'est eux qui veulent pas de nous.
Dewei : Des Chinois de Chine ?
Bogdan : Encore les Chinois, c'est sûr ! Ils veulent détruire l'euro, et envahir la France !
Ahmed : Ils ont envoyé une pute chez DSK, qui s'est fait avoir.
Bogdan : Comme le KGB ?
Ahmed : Oui. Et ensuite, ils ont envoyé l'information à @j_pinet par un ami espion au service des Nord-Coréens.
Bogdan : Et les Saoudiens ont dû financer le projet avec le pétrole !
Ahmed : C'est sûr, ils aiment pas la France de toute façon.
Bogdan : Dans ce cas, il y a aussi les Tunisiens et les Egyptiens qui se sont vengés de l'autre en slip
Ahmed : Et les Russes, alliés aux Iraniens, qui veulent déstabiliser la France pour contrôler nos bombes nucléaires !
Corinne : Voilà pour vous, ça fera dix.
Dewei : Dix francs ?
Bogdan : Y'a aussi les Cubains qui ont dû s'en mêler, parce qu'ils sont anticapitalistes !
Ahmed : Comme l'autre postier, c'est lui qui a dû se charger des lettres entre eux.
Bogdan : Et les Allemands, qui n'aimaient pas DSK parce qu'il voulait leur prendre leur argent !
Ahmed : Et les Français, qui aiment pas Sarkozy et savaient que ça lui retomberait dessus !
Dewei : Tous pourris !
Bogdan : De toute façon, on s'en fout, on est contre l'euro.
Ahmed : Ça prouve bien qu'on doit en sortir, sinon ils vont s'en prendre à Marine.
Bogdan : Non, Marine elle est pure et chaste, elle se laisserait pas avoir !
Ahmed : Tu penses qu'on va revoir DSK un jour ?
Bogdan : Les Américains vont nous laver le cerveau, et on l'aura oublié dans quelques jours. Ils l'ont déjà fait dans l'Arkansas !


Tout ceci est une blague. J'en ai plus qu'assez de toutes les « émissions spéciales », « analyses psychologiques », « grand direct », « polémiques », « complots », « femme de chambre », « numérologie », « conséquences pour 2012 », « sondages » sur DSK. Pourquoi ne pas attendre ? On ne sait strictement rien, sauf six chefs d'inculpations et le nom de la prison où se trouve Dominique Strauss-Kahn en ce moment.

Les réactions outrées des socialistes m'écœurent. On parle de « drame humain » alors que DSK est peut-être un pervers sexuel avéré. On fouille dans son passé, ressort de vieilles histoires, trouve des coïncidences « troublantes ». On ne parle pas de la plaignante, on reste à se lamenter sur la fin de l'avenir politique d'un homme, porté au sommet par les médias.

Attendons, donc, et taisons-nous. Ce qui est d'ailleurs en contradiction avec ce billet, j'en prends acte.
P.S. : Vous remarquerez le choix des prénoms. Certains diront que c'est être respectueux de la diversité française, certains que c'est du politiquement correct, d'autres que j'en fais trop, et les derniers que je suis soit anti-français, soit raciste (parce que la seule française est celle qui travaille). Choisissez.

mercredi 18 mai 2011

Projet RS : mariage et adoption gay

Hier, c'était l'IDAHO : la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie. A cette occasion, j'ai relu ce que le projet de République Solidaire prévoit :

« En réponse aux réalités concrètes de l’homoparentalité, de la transsexualité, des familles recomposées et monoparentales, il s’agira de définir le meilleur consensus concret pour sortir des hypocrisies et offrir des solutions à toutes et à tous pour vivre au mieux, au quotidien et dans la plus grande sécurité juridique possible.
Il faut faire de l’égal respect dû à tous les citoyens, quelles que soient leur origine, leur croyance ou leur couleur de peau, un axe fort de l’action publique, en mettant en œuvre dans le cadre du service citoyen des actions de sensibilisation, de prévention et de contrôle (notamment opérations test). »


Le plus sceptiques remarqueront qu'il n'est pas question de lutter contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle, dans le second paragraphe... C'est regrettable. Les plus lucides seront frappés de voir que Dominique de Villepin ne prend pas position sur le sujet, sans doute trop sensible. Là encore, c'est regrettable. Et c'est pourquoi je n'approuve pas cette partie du projet en l'état.

Pour faire court, à mes yeux, le mariage et l'adoption des couples LGBT sont une nécessité :
  • Pour défendre nos valeurs d'égalité et de refus de la discrimination selon l'orientation sexuelle
  • Pour vraiment commencer le changement des mentalités
  • Pour assurer aux couples et familles LGBT une sécurité juridique
  • Pour avancer vers un modèle social plus juste

François Mitterrand, avec Robert Badinter avaient déjà fait un pas énorme en dépénalisant l'homosexualité. Et sur ces questions de société (avec la fin de la peine de mort, notamment), même la droite reconnait la grandeur du président socialiste. Dès lors, pourquoi ne pas s'emparer d'un tel sujet, non pas pour des raisons électoralistes, mais pour défendre une réelle vision d'une société meilleure ?

Je pense que de telles avancées législatives et sociétales ont toute leur place dans le projet de République Solidaire : le statut du citoyen doit être fondé sur des bases d'égalité et de justice. Pourquoi des personnes qui rempliraient les mêmes devoirs auraient-ils moins de droits ?

Des arguments sont souvent opposés pour refuser toute avancée. En vrac : les gays ont déjà le PACS (qui donne infiniment moins de droits aux couples PACSé), sont moins fidèles (qu'on me le prouve !), transmettent des MST à la population (j'ignorais que les maladies étaient aussi sélectives), sont communautaristes (à part une demi-douzaine d'association, des millions de LGBT en France ne sont pas revendicatifs), sont contre-nature (pourquoi ils existent bien, non ?), sont contre les religions (n'est-ce pas l'inverse ?), feraient baisser le taux de natalité (c'est en pas en les privant de leur droit qu'ils vont enfanter ; au contraire, ils pourraient favoriser les adoptions prénatales pour diminuer le nombre d'IVG)...

Pour rappel, Nicolas Sarkozy avait fait des promesses en 2007. Il s'était ainsi engagé à créer un « pacte d'union civile » pour garantir les mêmes droits aux familles homosexuelles, ainsi qu'un « statut du beau-parent » qui aurait permis l'adoption par les couples LGBT. Et à l'époque, il n'y avait pas eu de levée de boucliers à droite, et Nicolas Sarkozy avait même capturé la très catholique Christine Boutin dans ses rangs.
Un changement est donc possible. Un accord peut être trouvé, d'autant que les partis de gauche proposent déjà de telles avancées. Nous ne devons pas nous regarder le nombril en pensant repousser sans cesse une décision de bon sens attendue par des millions de Français. Il faut avancer, il faut agir, et vite !

dimanche 15 mai 2011

Avertisseurs de radar : un pas de plus vers la sécurité routière ?

Face à la hausse du nombre de tués sur les routes depuis quelques mois (+19.9% entre avril 2010 et avril 2011), le gouvernement, par l'intermédiaire de Claude Guéant, a réagi. Sont prévus des durcissements en cas de dépassement du taux d'alcoolémie autorisé, de la vitesse limite... Mais aussi l'interdiction d'utiliser des avertisseurs de radar.
Les avertisseurs de radar sont tous ces appareils, GPS et autres applications pour smartphones, qui permettent, par des cartes préchargées des positions des radars fixes et mobiles, d'être avertis à l’avance. Mais également, les dispositifs de mise en commun des informations des positions des radars, comme le système Coyote.

Leur interdiction permettrait donc d'éviter les effets de ralentissement soudain avant un radar puis d'accélération après. Et surtout, de signaler que la Loi doit être respectée partout, et pas seulement aux abords des contrôles. En soit, cette mesure ne serait contraignante que pour ceux qui ne respectent pas les limites de vitesse, tandis que ceux « qui n'ont rien à se reprocher » ne seraient pas impactés.

Cependant, des voix s'élèvent. Déjà, bien entendu, celles des constructeurs de tels avertisseurs de radars, qui veulent conserver coûte que coûte leur fonds de commerce. Ensuite, des automobilistes, qui dénoncent un projet de privation de libertés. Enfin, d'autres dénoncent une mesure plus financière que sécuritaire.

Pour moi, la Loi doit être respectée partout, y compris sur la route. Que dirait-on d'un homme qui se promènerait avec un couteau dans la rue, et qui voudrait pouvoir parfois égratigner certains passants, pour ne pas devoir se plier à des règles de bon sens ?

800 millions d'euros sont gagnés chaque année par le fisc grâce aux contraventions routières. Est-ce un mal ? Je ne crois pas. Si on peut faire payer les délinquants, ce serait absurde de s'en plaindre !

Au final, je suis donc pour cette mesure, et sa stricte application, accompagnée de mesures suffisamment dissuasives pour empêcher toute fraude.

Et que dit Dominique de Villepin, ou République Solidaire ? Je n'en sais rien, justement. Si un cadre du mouvement passe par là et me lit, sa réponse m'intéresserait ! En attendant, je déclare cette question sans réponse.

Projet RS : conseils de quartier

Dans le cadre de l'« égalité républicaine pour nos banlieues », République Solidaire propose dans son projet de créer des « conseils de quartier élus au suffrage universel ». Ceux-ci devraient permettre de redonner le goût de la politique aux citoyens, en leur permettant de s'investir d'avantage à un niveau local.
Cependant, un tel conseil aurait un poids très faible dans la gestion de la ville, et risquerait de n'être qu'un échelon de plus dans la toile administrative française. De plus, y a-t-il un réel besoin de tels conseils ? Des associations sont utiles à l'échelle locale, mais la République doit-elle investir aussi ce terrain ? Doit-on organiser des élections spécifiques pour de telles assemblées ?
Le projet de République Solidaire prévoit que « ces conseils auront notamment compétence pour conclure avec les élus locaux des projets territoriaux ». Mais quelles seraient les avancées par rapport à ce que font actuellement les conseils municipaux ?

Cette proposition ne me paraît pas la plus pertinente, ni la plus utile, ni la plus efficace. Je suis donc contre.
Edition du 20 mai 2011 : J'ai obtenu plus de précisions sur cette mesure du projet de République Solidaire. D'après ce qu'on m'a dit, elle viserait principalement à modifier la composition des actuels conseils de quartier, en ls remplissant de personnes élues par les citoyens plutôt que choisies par le maire. Même avec cette explication, je reste très sceptique, donc contre.

Projet RS : éducation juridique au collège et lycée

Vous vous souvenez de vos cours d'éducation civique au collège ? Ces fameuses heures occupées le plus souvent par de l'histoire-géographique, où on doit remplir des cases dans un petit livret qui est censé nous apprendre les définitions de mots comme « citoyen », « République », « démocratie »... Autant le dire, c'est aujourd'hui une sous-matière inintéressante par son contenu et par son enseignement, lorsqu'on est au collège, et une demi-heure hebdomadaire de repos au lycée.
République Solidaire propose, dans son projet, une « éducation juridique au collège et au lycée ». Plus loin que la simple éducation civique, une éducation juridique serait plus utile, et permettrait de palier à un manque actuel de l'enseignement. Celui qui n'a pas fait d'études supérieures en droit est ainsi souvent au mieux ignorant, parfois démuni devant la complexité juridique française, et cette situation pose des problèmes notamment dans le monde de l'entreprise.

C'est pourquoi je soutiens cette mesure : sans augmenter le nombre global d'heures d'éducation civique ou juridique, qu'on pourrait d'ailleurs renommer en « éducation citoyenne », une amélioration des contenus est nécessaire. Pour qu'enfin, on puisse avoir chez soi un Code Civil sans être traité de juriste.

Dominique de Villepin : pourquoi je lui apporte mon soutien

Dans un contexte politique difficile, marqué par une présence stabilisée du Front National, une droite éclatée et une gauche en proie à la division, le choix politique est grand. Et j'ai décidé, depuis plusieurs années, de soutenir Dominique de Villepin.

Pourquoi choisir un candidat assez atypique, peu médiatisé, et qui « va se manger un vieux 0,4% dans la face » comme le prédisent les gérards de la politique 2011 ? Parce que derrière le candidat, il y a des idées auxquelles j'adhère, des principes que je soutiens et des valeurs qui sont les miennes.

Ce qui me séduit dans République Solidaire, c'est la volonté de dépasser les clivages partisans traditionnels, pour proposer une alternative crédible et efficace. Regardez des Benoît Hamon ou des Xavier Bertrand, et vous comprendrez que le PS et l'UMP sont attachés à des solutions prémâchées qu'ils ressassent sans cesse. On le voit avec les emplois jeunes ou l'affaiblissement de l'ISF aujourd'hui : il n'y a aucune originalité dans les propositions et aucune efficacité dans leur application.

Il faut donc chercher une alternative à ces mastodontes condamnés à l'immobilité. L'extrême-gauche ou l'extrême-droite ? J'y ai déjà pensé, parce que certaines personnalités peuvent être suffisamment charismatiques ou séduisantes pour que le premier venu les suive. Mais mes valeurs ne sont pas les leurs : je crois au libre-échange, ou à l'égalité entre tous les citoyens. Le souverainisme, alors, représenté par Dupont-Aignan ou Chevènement ? En regardant attentivement leurs maigres propositions, on voit l'irréalisme flagrant de mesures inconcevables économiquement. Les écologistes ? Certaines propositions sont intéressantes, mais la vision de la société qu'ils proposent est trop extrémiste pour moi.

Reste alors le centre. Nouveau Centre, MoDem, Partis Radicaux de Gauche et Valaisois représentent les composantes les plus connues. Ils prônent des solutions raisonnables dans tous les domaines, et ont une vision républicaine dans leurs propositions. Seulement, je ne me contente pas de principes gentillets, je veux de véritables propositions, de véritables changements, un nouveau modèle de société qui peut changer ce qui ne fonctionne pas aujourd'hui en France.

Finalement, je suis sans doute trop exigeant. En 2007, en lisant les programmes des candidats, en écoutant ce que je pouvais entendre, je n'avais été convaincu par aucun candidat, et je ne savais pas qui j'aurais pu choisir entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Mais déjà, j'avais repéré un homme qui conduisait une politique efficace, qui portait des principes clairs, qui était moins influencé par les conflits de politiciens, et en qui je pouvais me retrouver : Dominique de Villepin. Souvenez-vous de son discours à l'ONU le 14 février 2003, ou du bilan de son passage à Matignon !
Mais aujourd'hui, une seule personnalité ne peut pas suffire s'il n'y a pas derrière elle un véritable projet. Et avec République Solidaire, précédé par le Club Villepin, des propositions ont été faites depuis plusieurs années. Ces propositions, je les détaillerai plus tard, mais elles me satisfont dans leur ensemble.

Car Dominique de Villepin propose de véritables changements dans la conception actuelle de la société. Sa volonté de remettre le citoyen au cœur de la République me paraît aujourd'hui une avancée fondamentale. Mieux que le patriotisme et le nationalisme proposés par l'extrême-droite, ou que l'égalitarisme aveugle proposé par l'extrême-gauche, il s'agit d'un principe simple oublié de la Révolution française.

J'ai donc adhéré à République Solidaire le 20 juin 2010, le lendemain de la création du mouvement. Et aujourd'hui, je décide de m'engager plus loin, grâce à des rencontres fortuites qui m'ont montré la sympathie des membres. Je veux défendre mes principes, les valeurs qui sont les miennes, en défendant le projet de République solidaire, et plus tard son programme et la candidature de son Président, si ce qui est proposé est toujours aussi intéressant.

Cependant, je ne suis pas un mouton aveugle et bêlant derrière un grand homme aux cheveux poivre et sel. Je n'approuve pas toutes les propositions avancées, j'ai besoin d'explications sur d'autres points, et j'espère pouvoir le faire savoir, pour au moins avoir certaines clarifications. Et si le programme définitif ne me satisfait pas, je mettrai fin à mon soutien. J'espère juste que je ne serai pas déçu par mon choix.