mardi 22 mars 2011

Douanes : vers un renforcement des contrôles ?

« Il faut sortir de l'euro qui nous appauvrit ! »

Ce slogan, de plus en plus souvent entonné par les partis des extrêmes, montre la progression du rejet d'une Europe trop libérale symbolisée par les contraintes de la monnaie unique. Aux yeux de ses adhérents, le passage du franc à l'euro est responsable d'une grande partie des problèmes financiers français : chômage, dette, baisse du pouvoir d'achat, augmentation des prix, déficit de la balance commerciale...

Certains proposent d'abandonner l'euro ? Je propose le contraire : rendre la zone euro forte et viable financièrement. Aujourd'hui, le constat est clair : l’Europe occidentale est en panne, embourbée dans des déficits élevés, un chômage important et une baisse de sa compétitivité. Face à l'Union Européenne, les BRIC : Brésil, Russie, Inde, et surtout Chine, qui constituent les principaux pays plus qu'émergents. Ils ont réussi à se développer avec des taux de croissance à deux chiffres grâce à l'ouverture des douanes occidentales, symbole de la mondialisation frénétique. L'OMC aidant, les droits de douane ont disparu, et n'importe quelle marchandise peut désormais être fabriquée à l'autre bout de la planète pour un moindre coût.

Cette mondialisation facile a eu de nombreux effets négatifs en France, parmi lesquels des délocalisations massives entrainant un chômage de masse, une diminution de la qualité des produits et des normes de sécurité, la montée en puissance de la contrefaçon, et des dégâts écologiques considérables.

Produire en Chine une énorme partie de ce qu'on consomme et le vendre en France est à mon avis aberrant. Pourquoi ne pas produire en France, ou au moins dans l'Union Européenne ? Pour des raisons de coût ? Parce que vous croyez qu'un T-shirt fabrique en Chine et vendu 40 € en France mérite son prix, et qu'on ne pourrait pas le produire pour bien moins cher en France ?

Dans cette montée en puissance des importations, en grande partie chinoises (la Chine étant devenue le premier exportateur mondial il y a quelques mois), la France a tout à y perdre. Certains diront que cette mondialisation profite aussi aux entreprises françaises, mais les règles du jeu sont faussées, et la Chine est assez bien organisée pour reproduire à grande échelle les technologies importées, en laissant sur le bord de la route leurs anciens partenaires. Sans parler des frais administratifs, des contraintes sociales, des difficultés d'obtenir un visa, des affaires d'espionnage. Au final, 25% des entreprises françaises qui s'installent en Chine partent dans la première année.
Pour faire face à ce phénomène de délocalisation des emplois, de la production et des technologies, je suis favorable au retour des frais de douane, à l'entrée de l'Union Européenne, et si les autres États membres refusent, aux frontières françaises. Ce retour du protectionnisme aurait plusieurs avantages.

Le premier, je l'ai déjà évoqué, serait d'encourager le retour de l'emploi en Europe, et a fortiori en France. Chacun comprendra ici la logique de cet argument.

Le deuxième avantage serait un meilleur contrôle des marchandises entrant sur le territoire. Aujourd'hui, pour faire entrer des produits non totalement conformes aux normes de sécurité, il suffit de les faire transiter par des pays laxistes sur les importations, à l'image de la Grèce. Une fois rentrés dans le circuit européen, les contrôles sont extrêmement rares. Un renforcement des douanes permettrait donc de meilleurs contrôles, et par là-même de lutter contre les trafics de contrefaçons ou de drogue.

Le troisième avantage serait financier : qui dit renforcement des droits de douanes dit nouvelles recettes dans les caisses de l'État. Si seule la France impose ces taxes à sa frontière, elle pourrait utiliser cet argent pour réduire sa dette et aider la production nationale. Si l'UE les met en place, il faudrait que les recettes aillent dans les caisses de l'Union, pour éviter les différences de taux entre les pays. Les fonds ainsi récoltés pourraient alors permettre d’alléger les cotisations des États membres, par exemple.

Certains diront que cette mesure pénaliserait le consommateur dans la mesure où la France ne peut pas produire tout ce dont elle a besoin sur son territoire. Je leur répondrais que nos DOM le peuvent et le font déjà en partie. Et que pour le reste, il ne serait pas plus absurde de payer plus cher pour ce qu'on pourrait ne pas avoir.

En bonus, un dernier argument pour les écologistes : produire moins loin demande moins de ressources pour l'approvisionnement. Acheter des légumes « bio » importes du Chili par avion m'a toujours paru être une absurdité de raisonnement.

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