lundi 28 mars 2011

UMP : recentrer le débat ou se disperser ?

A la lumière des résultats de ces élections cantonales et après une soirée de commentaires et d'analyses politiques sur BFM TV, j'ai presque été convaincu que l'échec du Front National à gagner des cantons reflète le rejet de l'extrême droite par les français et la défaite du couple Sarkozy-Copé dans leur volonté de chasser sur les terres du FN. Presque.

Certes, le Front National n'a que deux élus. Mais n'oublions pas qu'il fait de très bons scores dans les cantons où il s'est maintenu, arrivant même à progresser en récupérant des voix. Dans de nombreux cantons, ce sont les derniers pourcents qui lui ont manqué pour réaliser son objectif de dix conseillers généraux.

L'échec n'est donc qu'apparent, puisqu'un plus grand nombre d'électeurs ont voté pour lui. Seulement, il a manqué de réussite, et je suis assez d'accord avec une des analyses proposées : une barrière morale est encore dressée autour du FN, empêchant à certains électeurs de voter pour cet extrême. Dans l'avenir, autrement dit l'élection présidentielle de 2012, cette digue pourrait tomber, et une victoire de Marine le Pen au second tour serait alors envisageable.

D'autre part, ces élections cantonales ont aussi montré la réélection éclatante de certains candidats parmi les plus à droite de l'UMP, se distinguant par leurs positions nationales sur des thèmes proches de l'extrême droite. Ainsi à Nice, alors que des victoires du FN avaient été craintes, ce sont des candidats comme Éric Ciotti qui ont été élus dès le premier tour avec près de 70% des suffrages.
L'UMP doit se ressaisir : depuis quatre ans, en quatre élections, elle n'en a gagnée qu'une seule, lorsque le PS s'autodétruisait. Le gouvernement a tenté de récupérer les voix du FN avec des discours droitisés, mais ça a échoué. Deux explications possibles : soit les français préfèrent l'original à la copie, soit il faut attendre que cette politique porte ses fruits.

Attendre, ou miser sur des divisions internes du PS ou de la gauche, est trop dangereux pour l'UMP, et certains en son sein l'ont bien compris. Contre l'avis du président de la République, des voix commencent donc à s'élever : hier Dominique de Villepin, aujourd'hui Jean-Louis Borloo, ou, à une moindre échelle, François Fillon et Alain Juppé. On assiste alors à une division de l'UMP, entre la tendance centriste et la tendance populaire.

Quatre années de présidence Sarkozy ont fragmenté la droite et brouillé le message du parti majoritaire. Les militants sont invisibles et, d'après Frédéric Lefebvre, leur nombre diminue à cause du nombre important de décès des adhérents. En cause, leur moyenne d'âge : 68 ans. Les candidats de droite aux cantonales rechignent à ajouter l'étiquette UMP,  et le candidat Sarkozy ne cesse de baisser dans les sondages.

La principale cause est l'incompréhension d'une partie du « peuple de droite », plus sur la forme que sur le fond, je pense. Même si les réformes fiscales du début de quinquennat ont surement déplu aux classes moyennes et populaires, le grenelle de l'environnement, la réforme des retraites, les lois sécuritaires ont sans doute envoyé des signaux positifs à l'électorat de droite.

Seulement, les conflits d'intérêt des affaires Woerth et Bettencourt, l'abus de privilèges de certains ministres facturant aux contribuables des voyages en avions ou autres cigares, les vacances de luxe sur des yachts de milliardaires ou chez des proches de dictateurs ont montré aux français la corruption généralisée d'une caste de privilégiés de la République. L'UMP et le gouvernement doivent donc se ressaisir.

Au menu préconisé par votre serviteur : la fin des privilèges ministériels, des conflits d'intérêt, des soumissions à des lobbies, de la tentation du clientélisme électoral, des attaques systématiques contre la gauche et du rapprochement du Front National. Il reste un an pour mettre en œuvre une ambitieuse réforme fiscale, repenser la dépendance, rétablir l'image de la France dans le monde, sauver les agriculteurs et assurer l'emploi de tous. La majorité ne doit pas se contenter de demi-réformes qui la discréditeraient aux yeux de l'opinion.

Pour mener à bien ces chantiers, l'UMP doit se regrouper et recentrer son message et son action politique. Et si elle veut gagner les prochaines élections, elle doit être incarnée par un autre homme, Nicolas Sarkozy étant, à mon avis, durablement discrédité. D'autres voix dans la majorité peuvent permettre le rassemblement pour porter un projet fort.

Dominique de Villepin est peut-être le meilleur candidat pour la droite : il est connu des français, apprécié du centre, consensuel, il jouit d'une aura internationale, n'est pas détaché de la majorité, incarnerait un véritable changement, et sa candidature est déjà lancée. Resterait alors aux militants de l'UMP et à ses dirigeants de tendre vers une candidature unique à droite en 2012, en se réunissant autour de Dominique de Villepin. Il faudrait qu'un certain nombre de ténors de la majorité l'acceptent sans avoir l'air de revenir sur leur soutien au Président. Mais comme dirait ce dernier : « ensemble, tout devient possible ».

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