dimanche 27 mars 2011

Rencontre fortuite

Hier midi, dans la rue, je me suis fait aborder par un homme d'une trentaine d'années, se revendiquant militant communiste, de Lutte Ouvrière. Alors même que j'étais pressé pour manger, j'ai décidé d'accepter la conversation, qui aura finalement duré plus de 45 minutes.

Pendant tout ce temps, nous avons parlé de nombreux sujets très intéressants, allant de la possibilité - ou non - d'une révolution en France à la TVA à 5,5% sur la restauration, en passant par les valeurs de la gauche, l'application du marxisme dans notre société, ou encore du rapport entre les prix et les salaires.

Je ne partage pas toujours les idées des militants d'extrême gauche. Comme je lui ai dit d'entrée, je partage certaines idées de gauches, d'autres de droite, mais sans vraiment me prononcer pour un choix électoral clair. Et malgré mes divergences de vue avec cet homme, nous avons pu débattre sereinement, calmement, de manière totalement constructive et sans a priori sur des sujets parfois pointus.

Ce n'est pas le premier militant d'extrême gauche qui m'aborde dans la rue et avec qui je parle. Mais puisque j'en ai l'occasion, je tiens à féliciter ces personnes qui font de la politique sur le terrain et peuvent permettre aux citoyens de s'intéresser un peu plus à un domaine jugé souvent compliqué et réservé aux initiés. Par leur présence et par leurs discussions, ils contribuent à leur manière à la lutte contre l'abstention, qui sera encore trop importante aujourd'hui.

Cette rencontre m'amène à souligner la perception qu'ont de nombreuses personnes de la politique. Je ne prétends pas analyser la population, mais je constate un désintéressement profond des citoyens pour la politique menée, pour leurs élus, pour les propositions des différents partis et personnalités. Prenons un exemple, mes propres amis : ils se distinguent en trois camps :
  • 1er camp : ceux qui ne connaissent même pas le nom du premier ministre : ils n'y connaissent absolument rien, ne cherchent pas à en savoir plus, et utilisent ce prétexte pour ne jamais voter
  • 2ème camp : ceux qui ont quelques idées et s'y connaissent un peu : c'est difficile de tenir une conversation entière sur de la politique, mais ils ont de la répartie et peuvent aller voter si on les motive suffisamment
  • 3ème camp : ceux qui regardent toutes les émissions politiques possibles et qui sont les premiers à aller au bureau de vote : à part moi, je ne vois personne.
J'ai surtout parlé ici d'aller voter, mais il y a aussi d'autres conséquences différentes selon le camp en question. Par exemple, plus vous êtes proches de l'état zéro, plus vous êtes influencés par les clichés habituels : l'extrême gauche voudrait rétablir l'URSS, la gauche dépenserait tout l'argent qu'elle a pour les pauvres, la droite le dépenserait pour les riches, tandis que l'extrême droite en gagnerait en expulsant les étrangers.

Et cette ignorance conduit à de faux jugements, et à des votes plus conduits par la conviction qu'il faut aller voter que par celle des idées. On voit alors monter les extrêmes et l'abstention, et personne ne comprend les véritables raisons : si tant de gens votent pour l'extrême droite ou ne votent pas, c'est tout simplement qu'ils se fichent de la politique et qu'ils ont entendu dans le métro une conversation parlant de Marine Le Pen.

Pour preuve, allez dans un bureau de vote et demandez à la sortie le nom des candidats aux cantonales dans le canton de l'électeur que vous croiserez peut-être : s'il en connait un, estimez-vous heureux. Et s’il connait le programme des candidats, vous pouvez même laisser éclater votre joie.

Pour gagner en légitimité et pour faire barrage à l'extrême droite, les autres tendances politiques devraient commencer par intéresser les français. Pour cela, du concret, des résultats, et la fin des divisions ou des petites phrases, et des affaires judiciaires : à Marseille, la gauche a perdu la moitié de ses électeurs, et je m'étonne que Martine Aubry n'ait toujours pas réagi en excluant du PS les personnes mêlées aux affaires judiciaires.

Pour l'extrême droite, même combat : si elle est convaincue de la pertinence de ses idées, elle doit mobiliser son électorat et conquérir celui des autres, pour gagner en légitimité et en influence. Sinon, les autres formations politiques auront beau jeu de lui rappeler la baisse du nombre de ses électeurs ou le taux d'abstention pour minimiser ses résultats.

Néanmoins, même l’électeur le plus motivé pour aller voter peut se retrouver dans l’isoloir devant deux bulletins qui ne correspondent pas du tout à ses idées politiques : lequel peut-il mettre dans l’enveloppe ? Le plus simple est surement le vote blanc, ou nul, qui permettrait aux électeurs de manifester le manque de choix. Mais le vote blanc pose aujourd’hui deux problèmes.

Le premier, c’est qu’il n’est plus reconnu officiellement : qu’il y ait 1% ou 10% de votes blancs ne changera rien aux résultats du scrutin et ne sera pas annoncé. Tout est fait pour que le vote blanc ne serve strictement à rien aujourd’hui.

Le deuxième problème est l’absence de médiatisation de cette pratique : à part quelques personnalités comme François Bayrou ou Nicolas Dupont-Aignan qui appellent à une reconnaissance du vote blanc, aucun journaliste n’en parle, et les médias préfèrent mettre l’accent sur les taux d’abstention, qui sont disséqués pour leur donner le sens voulu, plutôt que de se pencher sur le nombre de suffrages non exprimés, qui traduit une réalité assez claire : lorsque 5% des électeurs votent blancs, c’est que 5% des électeurs ne sont pas satisfaits du choix proposé.

Pour finir, une consigne : si vous le pouvez, allez voter !

1 commentaire:

  1. tu n'as pas faux, j'ai rencontré un militant anarchiste récemment, le Vice président de la FA. Intéressant de discuter sur les questions essentielles de la société, c'est à dire la propriété, la démocratie etc...

    Cependant, le désintéressement qu'ont nos nationaux pour le politique est qu'il n'est plus politique mais événementiel. C'est pour ça qu'il faut rétablir un roi, indépendant !

    RépondreSupprimer